I Saw Red: Une exploration palpitante de la rage et de la rédemption à travers les rues d’Addis-Abeba

Imaginez un tableau vibrant : des couleurs vives jaillissent d’une toile brute, reflétant le chaos d’une ville en pleine effervescence. Addis-Abeba, capitale éthiopienne, se dévoile comme une symphonie de contrastes - tradition et modernité, pauvreté et richesse, joie et désespoir. Au cœur de cette danse trépidante se trouve un jeune homme nommé Zerihun, dont le récit nous est offert par l’auteure éthiopienne Meaza Gebremedhin dans son roman “I Saw Red” (Je Vis Rouge).

Ce roman palpitant, destiné aux jeunes adultes, nous plonge dans l’univers tumultueux de Zerihun. Orphelin de mère et victime d’une violence cruelle de la part de son père alcoolique, il grandit dans les bas-fonds d’Addis-Abeba, rongé par la colère et la frustration. Sa vie se résume à une succession de petits vols et de bagarres jusqu’au jour où il rencontre Asrat, un jeune homme brillant qui lui offre un chemin vers une nouvelle existence.

Asrat devient le mentor que Zerihun n’a jamais eu. Il lui enseigne la valeur du travail acharné, l’importance de l’éducation et la beauté des arts. Sous son aile protectrice, Zerihun découvre la littérature éthiopienne, se passionne pour la poésie d’Abebe Bikila et commence à écrire ses propres vers.

Cependant, le passé de Zerihun continue de le hanter. La rage qui couve en lui menace de resurgir, alimentée par les injustices quotidiennes qu’il rencontre. L’histoire nous entraîne alors dans une spirale émotionnelle intense : l’espoir s’entrelace avec le désespoir, la compassion se confronte à la violence, et la quête de rédemption devient un véritable parcours du combattant.

Gebremedhin excelle dans la création d’une atmosphère palpable. Ses descriptions d’Addis-Abeba sont riches en détails sensoriels : les odeurs épicées des marchés, le bruit incessant des klaxons, la poussière qui s’élève des rues poussiéreuses. On ressent presque la chaleur du soleil sur nos visages et l’humidité omniprésente de la saison des pluies.

L’auteure ne se contente pas de peindre un tableau pittoresque. Elle nous confronte à la réalité brutale de la pauvreté, aux stigmates sociaux et aux luttes de pouvoir qui gangrènent la société éthiopienne. “I Saw Red” est un roman socialement engagé qui dénonce les injustices et interpelle le lecteur sur ses propres préjugés.

Le récit alterne entre des chapitres narratifs classiques et des extraits de poèmes écrits par Zerihun. Cette structure originale permet d’approfondir la psychologie du personnage principal et de partager sa vision du monde à travers un langage lyrique et poignant.

“I Saw Red” est une œuvre vibrante, touchante et subversive qui mérite une place de choix dans la bibliothèque de tout amateur de littérature africaine contemporaine.